En psychologie différentielle, de façon très générale, une dimension correspond à un continuum le long duquel un trait, un processus ou une performance varie en intensité. On distingue les dimension théorique et les dimensions dimensions opérationnelles.
Une dimension théorique (intelligence, extraversion, anxiété, aptitude numérique) n'est pas observable directement (par définition, c'est une "construction conceptuelle"). Elle est appréhendée à travers une variable latente (qui est un construit statistique) associée aux différences interindividuelles observées sur des variables manifestes. Ces variables manifestes sont les performances observées sur différentes épreuves (dimensions opérationnelles).
Pour définir une variable latente, on utilise ce qu'on appelle un modèle de mesure. On distingue actuellement deux types de mesures : les mesures réflexives et les mesures formatives.
Mesure réflective. Dans la démarche classique de construction des tests, on suppose qu'il existe une dimension sous-jacente théorique (non observable) et que le résultat au test est causé essentiellement par cette dimension (la variable latente). Par exemple, si vous avez une bonne aptitude spatiale, vous avez une probabilité plus élevée d'obtenir un score élevé aux tests mesurant l'aptitude spatiale. La variable latente associée à la dimension théorique prédit la variable mesurée. Dans ce cas on parle de modèle de mesure réflective. Dans un modèle de mesure réflective, on s'attend à ce que les corrélations entre les indicateurs (variables manifestes) d'une même variable latente soient fortes.
La mesure formative. Dans ce type de mesure la causalité est inversée. En effet, on parle de modèle de mesure formative lorsque les variables mesurées sont la cause du "construit" mesuré, définissent ce construit. Une variable est dite formative lorsqu'elle est «formée» ou directement modifiée et influencée par les indicateurs. Ce sont donc les indicateurs qui "créent" le construit mesuré. Par exemple :
→La valeur d'une voiture est déterminée par son âge, l'état, la taille, la marque. On peut choisir d'autres facteurs pour déterminer sa valeur.
→Le niveau socio-économique est déterminé par la source du revenu, le métier, le voisinage, l'habitation (exemple : l'indice de WARNER, 1960).
→etc.
Dans ces exemples on note que pour ce modèle de mesure, il n'y a pas d'hypothèses sur les corrélations (i.e. covariances) entre les composants de la mesure. Elles pourraient être égales à zéro, être positives ou négatives. Les variables latentes formatives sont "le résultat" des variables manifestes (via une combinaison linéaire).
Pour résumer
Si on représente par des rectangles les variables observées (variables manifestes), par des ovales les variables latentes et par des flèches les relations de causalité, la distinction entre variables manifestes et latentes est représentée de la façon suivante :

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    Figure B.1 : Représentation des relations entre variables manifestes (X) et variable latente pour les modèles de mesure réflexive et mesure formative  | 
 
Conséquences. Cette distinction entre mesures réflectives et formatives n'est pas une simple réflexion sur la nature ontologique des construits : dans le cadre d'une mesure formative le construit, le sens de la mesure est donné par les indicateurs que l'on choisit d'associer alors que dans une mesure réflective le construit existe indépendamment des indicateurs. En fait, cette distinction à des conséquences sur les modèles statistiques utilisés et sur la signification de la mesure en psychologie. De très nombreux débats ont encore cours sur la nature des construits et les méthodes. Dans la théorie classique des tests, le modèle est un modèle de mesure réflective, modèle qui correspond à la représentation implicite ou explicite des psychologues et de nombreux chercheurs en psychologie. Dans le cadre d'un cours de licence en psychologie nous n'abordons pas ces débats, même si cette réflexion sur le sens de la mesure est essentielle. Que fait le psychologue quand il "évalue" ?
Pour aller plus loin...
Les débats autour de ces deux modèles de mesures font référence aux articles de Borsboom Mellenbergh et van Heerden (2003, 2004). Par ailleurs il existe de très nombreux numéros spéciaux de journaux scientifiques sur ce sujet (Measurement: Interdisciplinary Research & Perspective, Journal of Educational Measurement).